La collection Quaderna de Superstudio est reconnue comme un manifeste du »design radical » des années 60-70. Récompensés par de nombreuses distinctions et exposés dans les plus prestigieux musées, ces meubles en bois aux lignes minimalistes sont recouverts d’un laminé plastique blanc sérigraphié d’un quadrillage noir. Cette grille simple et rigoureuse à l’impact visuel fort signe l’identité iconique de la collection. Quaderna a su conserver sa pertinence, sa beauté et sa modernité au fil du temps.
Fondé à Florence en 1966, le groupe d’architectes d’avant-garde Superstudio revendique, dans ces années de contestation, une pratique radicale et iconoclaste de l’architecture. Leur série de meubles conceptuels Quaderna a été conçue entre 1969 et 1972. Nommée » ‘Misura M » dans un premier temps, la collection sera renommée »Quaderna » et mise en production par l’éditeur italien Zanotta à partir de 1972.
Pour fêter les 50 ans de Quaderna, Zanotta sort trois nouvelles pièces inédites : un bureau, une table basse et un surprenant tapis. La table basse et le bureau sont des pièces originales issues de la série »Misura M » de Superstudio : Zanotta a sélectionné ces deux projets dans le catalogue historique de la série et les a relookés en modernisant leurs dimensions, en ajoutant un tiroir au bureau, tout en veillant à rester en accord avec la philosophie Superstudio. Le tapis Quaderna est tufté à la main en laine néo-zélandaise à effet velours. Il reproduit fidèlement un croquis d’un des histogrammes d’architecture, trouvé dans les archives de Cristiano Toraldo di Francia (1941 – 2019), l’un des cofondateurs de Superstudio.
La collection Quaderna nous plonge dans l’univers des utopies architecturales et de la contre-culture de Superstudio. Au début de l’année 1969, Superstudio conçoit les »Istogrammi », également intitulés »Tombes des architectes » ». Les Histogrammes se présentent sous la forme d’un catalogue de trente diagrammes tridimensionnels recouverts d’une grille transposable à différentes échelles. Ce motif quadrillé est une surface neutre, un espace exempt de tout conditionnement culturel. Cette surface homogène et isotrope, peut se décliner sans fin et servir à la conception d’objets, meubles, environnements ou architectures. Avec Les Histogrammes, Superstudio entend fonder un nouveau système universel : un »design unique » adaptable à l’infini, hors de toute convention ou de toute idée de design et d’architecture. »Grille sans fin dans laquelle chacun peut vivre (et mourir) sans se consumer physiquement ou spirituellement » (Superstudio), les Histogrammes renvoient à la notion d’immutabilité, à »la recherche d’une image inaltérable » de la nature. Les Histogrammes sont un nouveau processus mental, affranchi des modèles ou des imitations. Cette »grille sans fin » envahit tout : territoire, objets de mobilier, architecture, ville, dans une »mise à plat absolue des typologies du classicisme ». L’architecture n’est plus qu’un diagramme mental, une grille sans début ni fin. Les Histogrammes représentent à la fois l’efficacité ultime du système et sa négation : en devenant le module de toutes les fonctions et usages possibles, ils invalident en fait la nécessité d’inventer de nouvelles formes et induisent de nouveaux besoins. Ainsi, ce maillage en forme de grille sur fond blanc devient paradoxalement une expression d’absolu liberté.
En 1972, à l’occasion de l’exposition »L’invention de la surface neutre » (1972), Superstudio conçoit en collaboration avec l’entreprise AbetPrint un stratifié en plastique blanc sur lequel est imprimée leur fameuse grille orthogonale composée de carrés noirs de 3 x 3 cm. Avec ce nouveau matériau, le groupe crée toute une collection de meubles appelée « Serie Misura M » : des volumes en bois minimalistes, simples et rigoureux, recouverts de ce laminé plastique quadrillé. Les formes simples mettent en valeur le maillage géométrique qui s’étend sur toute les surfaces.
Le groupe tente d’abord de produire ses meubles lui-même en s’appuyant sur des artisans et revendeurs locaux. C’est un échec : personne ne croit en leur projet. C’est finalement Aurelio Zanotta qui en comprendra le potentiel et acceptera de produire ces meubles en renommant la collection »Quaderna ». La réflexion essentiellement théorique d’architecture radicale se transforme alors ainsi en un produit réel. Aurelio Zanotta décide de présenter ce nouveau mobilier à Paris en 1972 : pour l’occasion, tous les employés présents sur le stand du salon portent des vestes ornées du fameux motif quadrillé !
La collection Quaderna est le résultat d’un processus à la fois industriel et hautement artisanal. Alors que la grille est réalisée par impression numérique, les pièces de stratifié plastique sont appliquées individuellement à la main dans une séquence précise afin que toutes les lignes coïncident (il faut environ huit heures pour réaliser une seule pièce). La parfaite convergence des lignes de la grille détermine l’homogénéité totale des surfaces, donnant au mobilier un caractère esthétique fort.
Superstudio : »Nous avons préparé un catalogue de diagrammes tridimensionnels non continus, un catalogue d’histogrammes d’architecture en référence à un réseau transposable dans des secteurs ou à des échelles différentes pour l’édification d’une nature sereine et immobile dans laquelle on pourrait enfin se reconnaître. À partir du catalogue des histogrammes, nous avons généré ensuite facilement des objets, des meubles, des environnements, des architectures… »
Pour plus d’informations sur le designer: Superstudio
Table en panneau alvéolaire plaqué en laminé Print, couleur blanche, imprimé en digital à carrés noirs avec entraxe de 3 cm, prix public catalogue Zanotta sur demande